Au risque de contrarier les wikipédiens manquant de tout jugement, je persiste. L'affaire du mariage annulé supposant que la virginité serait une "qualité essentielle" pour les femmes seulement est le type même des événement significatifs qu'une publication d'information (je ne crois pas que wikipedia soit autre chose) ne peut manquer de traiter. A fortiori peut-on dire que cela relève de la censure idiote (synonymes de wikipidiot et de sa police stupide) quand le même support qui fabrique des articles de tout sur tout, y compris composés de deux lignes , publie de l'information people à longueur de temps et a tendance à adorer les articles aux sujets dérisoires, refuse explicitement les sujets importants, les concepts, les idées, les créateurs et les théories scientifiques au nom de l'esprit d'inquisition qui est son espace naturel.
[voir : ce que wikipedia censure et mariage annulé (suite) / les censures de wikipedia]
Article de Libération de Fabrice Tassel, exposant en quoi cet événement est important pour le droit et la notion d'égalité dans ce pays, toujours bonne à rappeler.
" Qu'est-ce qu'une qualité essentielle dans la définition du mariage ? La virginité en fait-elle partie ? Le Code civil doit-il être toiletté ? Tout le week-end, ces questions ont animé le débat autour du mariage annulé en raison du mensonge de la mariée sur sa virginité - information révélée jeudi par Libération.
«Contrainte». Questions juridiques, mais aussi politiques après le trouble suscité par la position, très isolée, de la garde des Sceaux, Rachida Dati. Vendredi, elle a estimé que la décision de la magistrate lilloise «était aussi un moyen de protéger la personne qui souhaite peut-être se défaire du mariage». Une appréciation globalement peu partagée par la classe politique et les spécialistes des questions familiales. Hier, Nadine Morano, la secrétaire d'Etat à la Famille, s'est dissociée de Rachida Dati en estimant que la jeune fille avait été «plutôt contrainte» de voir son mariage annulé. Samedi, dans Libération, c'est une autre ministre UMP, Valérie Létard, secrétaire d'Etat chargée du Droit des femmes, qui avait surtout vu dans cette décision «une véritable régression du statut de la femme», tout en se déclarant «solidaire de Rachida Dati pour voir comment il serait judicieux de moderniser certaines dispositions du Code civil».
Autre signe de l'embarras dans les rangs de la droite : Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP et proche de Nicolas Sarkozy, a dû préciser hier que sa demande de saisir la Cour de cassation «n'était pas contradictoire avec la position de la garde des Sceaux», car l'objectif n'était pas de faire casser cette décision, mais de faire évoluer la jurisprudence. Le porte-parole de l'UMP a ainsi indiqué que cette saisine pourrait permettre «la clarification, dans notre droit, [du fait] que la virginité ne peut fonder l'annulation d'un mariage, que ce soit entre des musulmans ou des catholiques, peu importe».
L'évolution de l'article 180 du Code civil, selon lequel «s'il y a eu erreur sur la personne, ou sur des qualités essentielles de la personne, l'autre époux peut demander la nullité du mariage», semble engagée. Autre ministre à protester contre cette décision, Martin Hirsch, le haut-commissaire aux Solidarités actives, s'est déclaré hier «en colère» : «Je pense qu'il faut faire appel de ce jugement, inconcevable dans notre société (1), et je pense que s'il était confirmé, il faudrait plutôt modifier la loi, afin que ce ne soit pas possible [qu'une annulation de mariage pour ce motif se reproduise].»
«Inégalité». «Considérer que la virginité est une qualité essentielle de la personne pour une femme et pas pour un homme, c'est le signal d'une régression très forte pour toutes les femmes d'aujourd'hui. On nous invente une belle jurisprudence», a aussi déploré Ségolène Royal dans le Journal du dimanche. L'ex-candidate socialiste à la présidentielle a été rejointe par Nadine Morano, qui a invité à une réflexion «sur cette histoire de qualité essentielle» : «Est-ce qu'il faut légiférer en disant : sur les qualités essentielles de la personne, on ne peut pas inclure la virginité parce qu'on voit bien que ça crée une inégalité hommes-femmes ?»
(1) En fait, la décision est définitive, ni les parties ni le parquet n'ayant fait appel. Seule la Chancellerie peut saisir la Cour de cassation «dans l'intérêt de la loi».
[fin de citation de l'article]
Pourtant ce sont des gens comme ça qui se pavanent en prétendant fabriquer une encyclopédie, qu'ils veulent introduire dans les écoles même.
source Libération
Alithia
ajout le 3 juin :
La presse parle du "tollé unanime contre une «atteinte au droit des femmes»". A wikipedia on n'a rien vu. Ah bon ? atteinte au droit des femmes ? disent-ils. Non, où ça ? pourquoi ? Ils n'ont pas remarqué.
Cependant, aujourd'hui on constate le revirement obligé de Rachida Dati, et le fait que la Chancellerie introduit un appel de ce jugement. Le 3 juin Libération fait état des critiques adressées à Rachida Dati, qui pleuvent de toutes parts. A wikipedia, tout cela est sans intérêt car ça n'est, à leurs yeux, qu'histoires artificiellement montées par des journalistes (sous-entendu : rien de ce que disent les journalistes n'est vrai, donc ...), redoublées par prises de positions de circonstances par les responsables politiques.
Bien vu !
Alithia
suite des informations le 4 juin
Libération :
" Dans la fulgurante carrière de la ministre de la Justice, il y aura un avant et un après 3 juin. Le jour où Rachida Dati s’est définitivement mis à dos cette gauche dont elle s’est souvent dite culturellement proche. Hier, lors de la séance des questions d’actualité à l’Assemblée, la garde des Sceaux devait s’expliquer sur sa tardive décision de faire appel du jugement qui a annulé un mariage pour cause de mensonge sur la virginité de l’épouse.
Le Monde indique que cette affaire met Rachida Dati en difficulté à l'Assemblée, critiquée pour voir défendu l'annulation, au titre d'une "protection des femmes" qu'elle assurerait. L'argument ne passe pas.
Le Monde rappelle que l'affaire a une importance politique car elle concerne chaque citoyen et met en jeu un principe essentiel du droit. En particulier pour ce qui concerne la vie des femmes : elle porte en elle la question de l'égalité entre hommes et femmes. Affaire de principe, elle appelle en conséquence des prises de position publique des plus hauts responsables et débat du sujet au Parlement. La demande de la Chancellerie en vue d'une nouvelle prise en considération par le tribunal du jugement précédemment a été souhaitée par la présidence de la république :
" C'est à la demande de l'Elysée que la ministre a annoncé, lundi 2 juin, qu'il y aurait appel, en constatant que "cette affaire privée dépasse la relation entre deux personnes et concerne l'ensemble des citoyens de notre pays, et notamment les femmes". Les conclusions du parquet général devraient porter sur le fait que "la référence à la virginité n'est pas compatible avec l'ordre public car elle porte atteinte à la dignité des femmes et à l'égalité des sexes", indique-t-on de source judiciaire."