Ce billet de Pierre Assouline aborde un sujet capital, la laïcité pilier de la république et condition et garante d'une paix entre communautés aux opinions diverses -toutes opinions, pas seulement les religieuses- , la laïcité délitée, en voie de destruction par un accord passé par Sarkozy avec le Vatican
Il s'agit du livre de Slama :
" depuis deux ans, on assiste pratiquement sans broncher au bouleversement par le sommet de l'Etat du sens et du contenu de l'idée laïque... Il y accuse clairement le chef de l'Etat de saper le pacte social échafaudé autour de notre modèle laïque."
= il s'agit de la nature même de l'Etat , du pacte social sur lequel est fondé la société. Il ne s'agit pas de le prendre "cool" parce que c'est pas nouveau, l'école privée. Rien de tout cela. Il s'agit que l'Etat renonce à son autorité pour accorder les diplômes de l'Université et du supérieur, depuis le bac lui-même.
Comment donc le pacte social républicain qui tient la société ensemble, hors des conflits religieux, communautaires et autres, est-il menacé ? par le fait que l'Etat renonce à son pouvoir de distribuer et valider les diplômes.
Il ne s'agit pas d'accorder aux institutions cathos le droit d'enseigner la théologie , elles l'ont, et de délivrer des diplômes de théologie, elles l'ont (diplômes cathos et non nationaux), ni d'enseigner les autres disciplines, elles l'ont. Mais elles ne délivrent pas les diplômes : elles n'ont pas le droit. Or il s'agit par un accord avec le Vatican, de leur accorder le droit de délivrer des diplômes en toutes disciplines, à l'égal de l'Etat et s'y substituant. (rien à voir avec les équivalences de diplômes étrangers, non plus : ceux-ci sont délivrés par des universités).
Là on fait à nouveau rentrer l'enseignement sous la coupe de l'Eglise : comme avant 1789, en somme.
Quand P.A. écrit :
"l'Etat français est tout simplement en train de fouler aux pieds l'un des principes fondamentaux de la République avec la complicité du Vatican" , avec la délivrance des diplômes, les étudiants se retrouveront sous la dépendance du Vatican.
Explication : " En décembre dernier, la République française et le Saint-Siège ont discrètement passé un accord afin d'établir une reconnaissance des diplômes de l'enseignement supérieur entre les deux Etats". (France-Vatican)
" Faut-il le rappeler ? Depuis la loi du 18 mars 1880, l'Etat a le monopole de la collation (action de conférer) des grades et titres universitaires ; c'était même le cheval de bataille de Jules Ferry lors des débats parlementaires sur son vote, tant le principe était considéré comme un élément fondateur de l'université républicaine. Cela signifie que seul l'Etat a le droit de faire passer des examens publics dans le cadre de ses facultés. Et que les établissements libres (privés) d'enseignement supérieur ne peuvent en aucun cas prendre le titre d'universités ni de délivrer de diplômes nationaux".
Il ne s'agit pas de "bouffer du curé" mais d'informer les citoyens du projet de cette transformation fondamentale de l'Etat qui laisse la gauche silencieuse et à ses rêveries.
source P. Assouline, blog la RDL
voir aussi sur le site de la libre pensée extrait :
La loi Falloux est rétablie par décret :
Le fait du Prince contre la République laïque ! Immédiatement, après avoir épuré de sa composante cléricale, le conseil supérieur de l'Instruction publique en votant la loi du 27 février 1880, la majorité républicaine issue des élections des 14 et 28 octobre 1877 et le ministre Jules Ferry portaient un nouveau coup à la loi Falloux du 15 mars 1850 modifiée par celle du 12 juillet 1875, adoptées l'une et l'autre par des assemblées monarchistes. Confiée depuis cinq ans à des jurys mixtes comprenant des membres du clergé, la collation des grades universitaires revenait désormais à l'Etat et à lui seul, conformément à la loi du 18 mars 1880. Jules Ferry avait raison de dire, lors la première séance du conseil supérieur laïcisé, que l'Université devenait « un corps vivant, organisé et libre. » Ce principe éminemment républicain a été sans cesse réaffirmé depuis. L'alinéa premier de l'article L. 613-1 du code de l'éducation, dans sa version issue de la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 actuellement en vigueur, dispose que « L'Etat a le monopole de la collation des grades et titres universitaires. »
Après d'autres, ce pilier de la République vient d'être abattu, au moment même où une série de « contre-réformes », également adoptées par décret, contre l'avis de l'ensemble de la communauté universitaire, menacent de destruction l'université française publique et laïque et tout son système de formation non marchand. Par l'effet d'un décret simple, la loi Falloux est partiellement rétablie. Après en avoir été privée pendant cent vingt-neuf ans, la secte romaine retrouve le pouvoir d'intervenir dans la collation des grades universitaires. C'est intolérable.
Par un décret du 16 avril 2009, le président de la République vient, en effet, de publier l'accord de Paris du 18 décembre 2008 par lequel la France et le Saint-Siège ont entendu décliner au plan bilatéral le processus de Bologne initié par la convention du 11 avril 1997 sur la reconnaissance des qualifications relatives à l'enseignement supérieur dans la région « Europe », ratifiée le 18 septembre 2000. L'une et l'autre acceptent de reconnaître mutuellement « des périodes d'études, des grades et des diplômes de l'enseignement supérieur délivrés sous l'autorité compétente de l'une des Parties ».
Alithia