Pour rattraper la remarquable absence de la diplomatie française face aux révolutions arabes, il est bien d'oser soutenir sans atermoiements ni hésitations la résistance à Khadafi et de prendre le risque d'oser soutenir le Conseil national libyen. Mais point trop n'en faut.
Actuellement s'étudient à l'ONU et au niveau de l'Europe, afin de protéger les populations civiles de Libye des bombardements aériens, la possibilité d'un contrôle aérien et d'une zone de restriction, par l'instauration d'une no fly zone, sur décision du Conseil de sécurité de l'ONU, ainsi que la reconnaissance du Conseil national libyen comme représentant officiel de la Libye.
Il est certes important pour la France de racheter ses bourdes, erreurs et compromissions passées avec les régimes de dictatures renversés, ou sur le point de l'être peut-être. C'est elle qui propose à l'Europe la reconnaissance du Conseil national libyen.
Or sans attendre que les propositions soient faites à la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement européens, sans prévenir son ministre des Affaires étrangères, Sarkozy décide seul de faire un coup et à l'issue de la réception à l' Elysée de représentants du Conseil national libyen, on apprend que la France, seule, a reconnu le Conseil comme représentant légitime du peuple libyen et a décidé, seule, d'entreprendre des frappes aériennes d'installations stratégiques libyennes. Seule. Encore un coup médiatique de Sarkozy... qui lui attire réactions ironiques et ricanements de la part des responsables européens et quelques inquiétudes sur son état mental.
Le Monde rapporte les réactions de plusieurs pays : " "Le président français Nicolas Sarkozy est pris de folie", s'inquiète Thorsten Knuf, dans le Berliner Zeitung, après ses appels répétés à une réponse militaire à la guerre en Libye et notamment à des frappes ciblées. "Il semble que Sarkozy veuille abattre le dictateur libyen seul. Il y a quelques mois, il lui aurait volontiers vendu des centrales nucléaires. Désormais, Sarkozy mène la chasse anti-Kadhafi. Un combat d'homme à homme", ironise le journaliste allemand. Sur le dossier libyen, Nicolas Sarkozy est en effet devenu le "leader déclaré des va-t-en-guerre", renchérit l'éditorial du quotidien suisse Le Temps. "
Un sommet européen exceptionnel se prépare où doivent être prises en commun deux décisions concernant la Libye. Sans attendre et avant toute discussion, Sarkozy décide seul et proclame sa décision, la veille du sommet.
La France ne se donne pas la peine de respecter les formes et ne prend donc pas garde de ménager ses partenaires européens qu'elle doit pourtant convaincre car l'unanimité est loin d'être réalisée.
Le Monde relève que " Cette décision a plongé l'UE dans la "confusion", analyse The Independent et suscité "colère" et "consternation". Selon Guido Westerwelle, Sarkozy aurait agi "sur un coup de tête". William Hague s'est contenté de dire que la Grande-Bretagne ne reconnaissait que des Etats et non des groupes en particulier, note le Financial Times"
C'est plus fort que lui, Sarkozy ne sait faire que des "coups" , toujours à des fins électoralistes, et il ne cesse de ridiculiser la France, même lorsqu'il a enfin un ministre des Affaires étrangères à la hauteur de la tâche et de la situation.
Il faut croire que n'étant pas lui-même à la hauteur il lui faut se hausser du col et s'agiter pour se faire voir et attirer l'attention sur lui et, plus fort que la diplomatie et le sérieux politique, le désir de passer devant son ministre, quel qu'il soit, même -et surtout- si ce dernier le dépasse en compétences.
Juppé n'aura pas duré deux semaines comme ministre des Affaires étrangères. Il fallait que Sarkozy lui vole la place, ça le démangeait d'avoir quelqu'un d'intelligent qui parle avant lui.
Commentaire de Rue89 :
" En regard de ses innombrables inconvénients, il fallait jusqu'ici reconnaître à Sarkozy une qualité : il restait un boutefeu essentiellement verbal. Il n'avait pas encore précipité le pays dans une aventure militaire. Heureuse nouvelle : il le démange de combler cette regrettable lacune."
Cette déclaration très mediatique et fort peu diplomatique, une fois encore, n'a pas empêché, finalement, que l'Europe réclame le départ de Khadafi et exprime son soutien au Conseil national libyen. Mais
Mais le coup d'éclat de la France n'a pas convaincu. Il n'y a pas d'unanimité en Europe pour intervenir avec des moyens militaires, afin de protéger les populations civiles. L'Europe en reste aux déclarations.
Analyse de Libération : " Ces initiatives de Sarkozy ... ont eu pour effet d’accroître le flottement actuel "
Quant aux zones libérées, elles découvrent les prisons souterraines de Khadafi.
Libérer la Libye de Khadafi et de ce régime de terreur, c'est aider les Libyens, à n'en pas douter. Pour l'instant l'Europe est incapable d'agir.